Avant de parler de ma vie au quotidien, je vais d'abord revenir sur mon vécu depuis mon arrivée en octobre 2005. Cela permettra de mieux appréhender les rubriques qui explique mon quotidien.
En venant ici, j'étais marié à une fille guinéenne qui vivait en toute légalité à Paris depuis 2001. Nous avons un enfant, un garçon. C'est d'ailleurs à cause d'elle et de mon garçon que je venais passer les vacances depuis 2003 en France. Voici les grandes étapes de ma vie depuis octobre 2005:

• octobre 2005 - décembre 2005: période de validité de mon visas;
• décembre 2005 - juillet 2006: légalement, sans papier;
• août 2006 - février 2008: démarche administrative pour régularisation;
• juillet 2007: séparation avec ma femme;
  
• 21 février 2008: régularisation;
• juin 2008: obtention de mon premier emploi officiel.

Entre temps, comme il est souvent le cas pour les personnes dans ma situation, j'ai dû exercer des activités, dont un "au noir". D'abord, pendant quelques semaines, j'ai travailler en tant que bénévole chez Max Havelaar (Commerce Equitable) à Montreuil dans le cadre d'un projet de prospection de filières équitables de Guinée. Cet organisme cherchait un consultant pour ce job, mais vue ma situation du moment, j'étais obligé d'accepter le statut de bénévole.

Après plusieurs mois passer entre Villejuif, Montreuil et Montfermeil avec une situation familiale en dégradation vue mon statut de sans papier qui me limitais dans tous les domaines, je décida de rentrer à tout prix en Afrique, pas en Guinée, car la situation serait plus difficile pour moi. Pour cela, il me fallait un peu d'argent pour au moins le transport. J'ai donc dû travailler informellement comme agent de sécurité (en fait gardien, voir la photo ci-dessus) seul  sur un chantier de plus de 2.000 m². Ce travail a consisté d'éviter les vols de matériels sur ce immense chantier. Imaginez-vous, je faisais plus de 20h par jour pour environs 5 semaines de travail, dans des conditions de travail difficile et un employeur que je ne connais que par la voix (qui ne m'a toujours pas payé tout mon dû à ce jour). Moi, le coordinateur dans un grand projet en Guinée, se retrouvait gardien en France.

Ma situation de "sans papier" a inexorablement  entrainé:

• Dégradation de ma vie de famille (séparation avec ma femme). Sans papier, pas de boulot, aucun de respect, malgré que je m'occupait à 99% de notre enfant à plein temps;
• L'occupation d'emploi "au noir" pénible, mal rémunéré;
• Un grand sentiment de doute et de solitude.

J'ai quand même, suite à un appel à candidature, pu participer entre février - juin 2008, à un programme d'entrepreneuriat social. Le projet d'entreprise que j'ai proposé a été retenu parmi les 6 du programme 2008 par l'association organisatrices (Entrepreneur Sans Frontière). Le business plan est pratiquement bouclé et je compte lancer la phase test dudit projet dans 2-3 mois.

Aujourd'hui et depuis seulement le 10 juin dernier, je suis employé comme coéquipier polyvalent dans une une boulangerie à Paris. Ma fonction: la cuisson des produits, le nettoyage des plaques, et quelques fois la caisse (remplacement). Je bosse de 6h à 13h.

Je vie actuellement dans un mini-studio de moins de 9m² (HE OUI !!! ). Pour prendre un bain, je suis obligé de partir dans une douche municipale (pas loin de moi heureusement.

Les rubriques suivantes essaieront d'expliquer la vie que je mène quotidiennement à Paris.